Pourquoi Harvey Weinstein préfère se taire lors de son procès pour viols et agressions sexuelles en Californie

Publié le 29 novembre 2022 à 11h55, mis à jour le 29 novembre 2022 à 15h00

Source : Sujet TF1 Info

Accusé de viols et d’agressions sexuelles, l’ancien producteur a fait savoir qu’il ne souhaitait pas s'exprimer devant le tribunal de Los Angeles.
Une stratégie qu’il avait déjà employée durant son premier procès à New York, au printemps 2020.
Alors qu’il purge déjà une peine de 23 ans de prison, il risque aujourd’hui de finir sa vie derrière les barreaux.

Rien, il ne dira rien. À l’approche du verdict, et après avoir entendu des heures et des heures de témoignages accablants, Harvey Weinstein a choisi de garder le silence lors de son procès pour viols et agressions sexuelles à Los Angeles. "Je veux que vous compreniez que vous avez le droit absolu de témoigner et le droit de ne pas témoigner", a insisté lundi matin la juge Lisa B. Lench en s'adressant à l’ancien producteur de cinéma, en fauteuil roulant dans son box. "Oui", a simplement répondu ce dernier. 

De l’extérieur, cette stratégie peut paraître surprenante. Harvey Weinstein avait d’ailleurs employé la même lors de son premier procès à New York, au printemps 2020, et elle ne lui avait pas réussi puisqu'il avait été condamné à 23 ans de prison. Mais le site spécialisé The Wrap, qui couvre les débats, rappelle qu’il est souvent risqué pour une personnalité accusée de crimes sexuels de se défendre elle-même à la barre. 

Le silence plutôt que des propos maladroits ?

L’acteur Kevin Spacey l’a fait lors de son récent procès à New York, niant avoir agressé sexuellement son confrère Anthony Rapp lorsqu’il était mineur et racontant, des sanglots dans la voix, son enfance difficile auprès d’un père néo-nazi. Il a été jugé non coupable. Accusé de viol par l’agent publicitaire Haleigh Breest, le réalisateur canadien Paul Haggis a lui pris la parole pour dénoncer un complot monté de toutes pièces par la Scientologie. Pas franchement convaincant, il a été reconnu coupable et condamné à une amende de 7,5 millions de dollars.

Si le bataillon d’avocats qui entoure Harvey Weinstein lui a recommandé de se taire, c’est certainement parce qu’il n’exprime pas le moindre regret. Mais aussi parce que les rares fois où il a parlé depuis le scandale, il s’est présenté lui-même en victime. "Que des gens perdent leur travail parce qu’ils ont témoigné pour moi, que des gens aient peur pour leur travail, ce n’est pas la bonne atmosphère pour les États-Unis d’Amérique", avait-il dénoncé à New York, juste avant le verdict en sa défaveur.

Son avocat préfère décrédibiliser les accusatrices

À Los Angeles, l’ex-patron de Miramax a laissé son avocat, l’expérimenté Mark Werksman, s’exprimer pour lui avec un mélange de fiel et d’humour noir qui a surpris de nombreux observateurs. L’objectif ? Ridiculiser les accusatrices comme l’épouse du gouverneur de Californie Jennifer Siebel Newsom en lui demandant de rejouer l’orgasme qu’elle aurait simulé pour abréger un rapport sexuel avec son client. 

Depuis le début du procès, ce ténor du barreau cherche surtout à convaincre que l'homme derrière des succès comme Shakespeare in Love et Pulp Fiction n’a fait que profiter de la bonne vieille promotion canapé. "Ce n’est ni Brad Pitt, ni George Clooney. Vous pensez que ces femmes magnifiques auraient couché avec lui parce qu’il est sexy ? Non, c’est parce qu’il était puissant", avait-il lancé à l’ouverture du procès.

En Californie, l’homme à l’origine de la naissance du mouvement #MeToo est accusé de deux viols et de cinq agressions sexuelles. S’il est condamné, il risque 60 ans de prison qui viendraient s’ajouter à la peine de 23 ans qu’il purge déjà depuis le premier procès à New York et pour laquelle la justice lui a refusé un appel. C’est en réalité à une autre question que le jury populaire du tribunal de Los Angeles va devoir répondre : Harvey Weinstein finira-t-il oui ou non ses jours en prison ?


Jérôme VERMELIN

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