"C'est complètement fou" : polémique autour des tomates bio cultivées sous serres chauffées

par V. F | Reportage TF1 : Julie Jeunemaitre et Médéric Pirckher
Publié le 3 mai 2024 à 17h17

Source : JT 13h Semaine

On peut de nouveau acheter toute l'année des tomates bio qui ont poussé sous des serres chauffées.
Une évolution des règles qui fait beaucoup réagir dans les champs, mais aussi du côté des consommateurs.
TF1 a rencontré deux producteurs aux visions opposées.

L'heure est à la récolte pour Gilbert Brouder, producteur de légumes biologiques à Plougrescant (Côte d'Armor). Ses tomates ont été plantées fin janvier, car ici, les légumes poussent en hiver sous une serre chauffée au gaz naturel à 17 degrés. "Il y a une chaudière et l'eau chaude passent dans des rails", explique-t-il dans le reportage de TF1 ci-dessus. Mais chauffer, quand on fait du bio, cela peut paraître étonnant. Pour autant, c'est tout à fait légal.

La réglementation a même été assouplie en 2023 par une décision du Conseil d'État, qui autorise de nouveau - c'était interdit depuis 2019 - à la vente avant le 1ᵉʳ mai les tomates bio cultivées sous serres chauffées. Gilbert Brouder peut donc commercialiser ses tomates un mois plus tôt. C'est l'opportunité d'être plus rentable, notamment face à une concurrence qu'il juge déloyale. "Si on doit produire des tomates que pour l'été, moi, je mets la clé sous la porte. Aujourd'hui, on commence à faire du chiffre d'affaires à partir du mois d'avril et donc il y a vraiment une attente pour avoir des tomates en avril. Si nous, on n'est pas là, il y a d'autres pays qui vont venir à notre place, entre autres des pays européens ou du Maghreb", estime-t-il.

Et cela se vérifie en supermarché. Les tomates se font une place dans les rayons, mais côté bio, elles arrivent d'Espagne. Alors, vaut-il mieux avoir du bio chauffé sous serre, mais français ? Les consommateurs sont partagés. "Pour être concurrentiels, ils sont obligés de faire des propositions similaires à ce qui vient d'ailleurs, sinon ils ne s'en sortiraient pas, ils ne vendraient pas", admet une mère de famille. En revanche, pour une autre cliente, "c'est totalement incohérent par rapport à l'éthique du bio et de l'écologie". 

Un avis partagé par la ferme de Kerantosfal, une autre exploitation en agriculture biologique à Cléder (Finistère). Le message est d'ailleurs affiché dès l'entrée de la serre : 

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"J'ai planté mes tomates tout début avril, elles sont chauffées par le soleil et ça pousse naturellement", affirme Gurvan Raoul. Pour ce maraîcher, le bio est tout simplement incompatible avec les énergies fossiles. "On trouve ça complètement fou d'autoriser une chose pareille. Quand on sait qu'un mètre carré de serre chauffée, même en bio, ça correspond à la consommation de cinq foyers français, c'est plus bio du tout. C'est bio dans le nom, c'est bio dans la législation, mais c'est pas du tout écologique", s'insurge-t-il. 

Ses tomates arriveront sur les marchés en juillet. En France, 14% des exploitations agricoles sont engagées en agriculture biologique. 


V. F | Reportage TF1 : Julie Jeunemaitre et Médéric Pirckher

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