Famille tuée à Meaux : violences conjugales, dépression et troubles psychotiques... Le profil inquiétant du père

par Noemie KOSKAS
Publié le 26 décembre 2023 à 12h51, mis à jour le 28 décembre 2023 à 11h43

Source : JT 20h Semaine

Les corps de cinq personnes, la mère et ses quatre enfants, ont été retrouvés lundi soir à Meaux, en Seine-et-Marne.
Interpellé et placé en garde à vue, le père a reconnu les faits.
L'homme, qui avait déjà agressé son épouse en 2019, souffre de troubles dépressifs et psychotiques.

Une macabre découverte le soir de Noël. Les corps sans vie de cinq personnes, une mère et ses quatre enfants âgés de 9 mois, 4 ans, 7 ans et 10 ans, ont été retrouvés lundi 25 décembre au soir dans un appartement à Meaux, en Seine-et-Marne. Recherché depuis lundi soir, le père de famille a été interpellé mardi matin par les policiers du commissariat de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Souffrant de lacérations à la main, il a été hospitalisé sous le régime de la garde à vue.

Au terme de 48 heures de garde à vue, l'individu a reconnu les faits. Il était déféré ce jeudi devant un juge d'instruction du tribunal judiciaire de Meaux. Voici ce que l'on sait du profil du meurtrier présumé. 

Suivi depuis 2017 pour des troubles dépressifs et psychotiques

L'homme, âgé de 33 ans, est né en avril 1990 à Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Il est détenteur d'un CAP plomberie, mais aucune information sur sa situation professionnelle actuelle n'a été donnée par le procureur. Le père de famille était suivi pour des troubles dépressifs et psychotiques. "Des documents médicaux et administratifs pouvant évoquer un internement de nature psychiatrique en 2017 du père de famille ainsi que des ordonnances médicales portant prescription de tranquillisants", ont en effet été retrouvés dans l'appartement, a déclaré le procureur de Meaux.

Le procureur a par ailleurs précisé que si le casier judiciaire de l'homme est dépourvu de tout antécédent, il existe toutefois une procédure relative à des violences sur son épouse avec usage d'un couteau au sein du domicile familial, lieu de la terrible découverte de lundi.

Des violences sur son épouse

Comme le précise Jean-Baptiste Bladier, "les violences ont été commises sur la mère de famille le 14 novembre 2019, soit un mois et demi à peine avant l'accouchement de leur troisième enfant et premier garçon". La victime avait alors été victime d'un coup de couteau dans l'omoplate gauche, avant de se voir prescrire 5 jours d'ITT. Lors de son audition, la mère de famille avait expliqué être en couple depuis 14 ans avec son conjoint et avait évoqué "un état dépressif ancien" chez ce dernier. Selon elle, son compagnon avait interrompu son traitement. Interrogée sur l'existence de violences de toutes natures que son conjoint aurait pu lui infliger, la femme avait affirmé à l'époque n'avoir subi "qu'une" gifle.

Au cours de cette audition de 2019, la femme avait confié que son conjoint était "déprimé depuis quelques jours", selon les propos rapportés par le procureur. Ce matin-là, il s'était emparé des clés de l'appartement, et s'était rendu dans la chambre du couple, où son épouse l'avait découvert armé d'un couteau. Selon la mère de famille, son conjoint affirmait vouloir se suicider. C'est alors qu'elle tentait de quitter la chambre qu'elle avait reçu le coup de couteau à l'omoplate. La victime avait refusé de porter plainte à la suite des faits.

"Des idées noires" et une envie "de se faire du mal"

"En dépit de cette absence de plainte, l'auteur des faits a été placé en garde à vue, mais son état justifiait un examen psychiatrique immédiat", a souligné le procureur mardi. Il a été hospitalisé en psychiatrie le jour-même de l'agression, jusqu'au 13 janvier 2020. À cette époque, il expliquait les faits par "ses idées noires", selon le procureur, et souhaitait alors "se faire du mal à lui", mais "pas à son épouse qu'il aimait". "Le coup est parti tout seul", disait-il, dans des propos rapportés par Jean-Baptiste Bladier. 

Un nouvel examen psychiatrique a conclu à l'existence d'une "pathologie dysthymique (trouble persistant de l'humeur en lien avec la dépression, NDLR) et psychotique" et à "l'existence d'une abolition du discernement au moment des faits du 14 novembre 2019", a expliqué le procureur de Meaux. Le 11 juin 2020, la procédure a été classée sans suite pour état mental déficient. "De mon point de vue, l'existence de cette expertise concluant explicitement à l'existence d'une irresponsabilité pénale, d'une abolition du discernement aurait justifié un classement au visa du motif d'irresponsabilité au motif de troubles psychiques", a souhaité préciser Jean-Baptiste Bladier.

L'homme passe aux aveux mais "ne ressent rien"

En garde à vue, le mis en cause a reconnu les faits, précisant avoir porté des coups de couteau à sa femme et à ses filles, et avoir noyé ses deux fils. Selon l'autopsie des victimes, la mère et les deux fillettes ont reçu une dizaine de coups de couteaux chacune, administrés "avec une très grande violence"

Selon le compte-rendu du procureur ce mercredi, l'homme a indiqué avoir "entendu des voix" lui demandant de "faire du mal", sans expliquer l'élément déclencheur de son passage à l'acte. "Il ne ressentait rien" et se "sentait vide" au moment des aveux. 

Une information judiciaire pour "homicides volontaires sur mineurs de 15 ans et homicide volontaire par conjoint" a été ouverte. Des réquisitions aux fins de placement en détention provisoire ont été délivrées. 

La peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité. Mais les précédents psychologiques du suspect pourraient laisser penser à une altération ou à une abolition du discernement. Dans le premier cas, la peine encourue est de 30 ans de prison. Dans le deuxième, "il y aura une voie procédurale pour prononcer des mesures de sûreté", a précisé le procureur de Meaux.


Noemie KOSKAS

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