Assises de lutte contre l'antisémitisme : pour l'Union des étudiants juifs, "il faut des sanctions plus fermes"

par Zoe SAMIN
Publié le 6 mai 2024 à 17h51

Source : TF1 Info

Face à la hausse des actes antisémites en France, le gouvernement a lancé ce lundi 6 mai les Assises de lutte contre l'antisémitisme.
Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), attend que des mesures concrètes soient mises en place.
Interrogé par TF1info, il demande notamment des sanctions plus rapides et plus fermes contre les auteurs d'actes antisémites.

86 % des Français juifs craignent désormais d'être victimes d'agressions antisémites : c'est le constat dressé par une étude menée par l'Ifop et publiée ce samedi 4 mai. Depuis le 7 octobre et le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les actes antisémites connaissent une recrudescence considérable. Pour combattre ce fléau, la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, vient de lancer les Assises de lutte contre l'antisémitisme, rassemblant les représentants des cultes et de plusieurs associations (SOS Racisme, Licra, Crif...). Interrogé par TF1info, Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France et convié à ces Assises, salue le dialogue engagé mais attend des réponses concrètes de la part des pouvoirs publics.

Ces Assises peuvent-elles vraiment mettre fin à la flambée d'antisémitisme observée en France depuis le 7 octobre ?

Samuel Lejoyeux : Il fallait engager un dialogue large et constructif, c'est ce qu'a fait ici le gouvernement et je m'en réjouis. Mais il va falloir assez vite passer sur des engagements concrets, sur ce que peuvent réellement faire les pouvoirs publics. Le but est de faire exister le sujet de la lutte contre l'antisémitisme dans toutes les sphères de la société, y compris donc dans les facultés. Les discussions de ce matin ont été rapides mais c'est une première étape.

Quelles mesures concrètes voulez-vous voir mises en place ?

Il y a d'abord un problème de remontée des cas d'antisémitisme dans les établissements d'enseignement supérieur. En avril, France Universités en dénombrait 67 depuis le 7 octobre. C'est un chiffre largement sous-évalué, ce n'est pas conforme à la réalité que nous voyons sur le terrain. Les cellules de signalement et les référents racisme-antisémitisme ne sont pas assez visibles. Il y a un grand sentiment de solitude, certains étudiants juifs ont maintenant peur d'aller en cours à cause d'une minorité radicale et antisioniste. On ne peut évidemment pas mettre un policier derrière chaque étudiant mais il faut assurer un vrai suivi des cellules de signalement.

Il faut aussi que les sanctions contre les auteurs d'actes antisémites soient plus rapides et plus fermes. Les présidents d'université peuvent décider seuls d'une sanction disciplinaire conservatoire pour un mois maximum. Les étudiants qui publient des messages appelant à la haine contre les juifs sur des boucles WhatsApp peuvent donc être écartés le temps que le conseil de discipline ait lieu. C'est un pouvoir que doivent utiliser les présidents d'université.

Les responsables associatifs et syndicaux doivent participer aux Assises
Samuel Lejoyeux, président de l'UEJF

Parle-t-on suffisamment de la lutte contre l'antisémitisme dans les universités ?

Non, le sujet existe à l'école primaire et jusqu'au lycée mais dès que vous rentrez en études supérieures, cela devient optionnel. Ce n'est plus possible qu'un étudiant n'entende jamais parler des valeurs républicains de tout son cursus. Il y a une méconnaissance du sujet de la part de la majorité des jeunes. Ils restent passifs face à l'antisémitisme.

Pour y remédier, la ministre Aurore Bergé a annoncé ce matin une mesure qui va selon moi dans le bon sens. Le prix Ilan Halimi, qui récompense des projets visant à faire reculer les préjugés, va désormais avoir un volet étudiant. Ça reste de l'appel à projets, il faut aller plus loin, mais c'est un bon début.

La prochaine session de ces Assises aura lieu après les élections européennes du 9 juin. Qu'en attendez-vous ?

Le dialogue est maintenant amorcé mais il faut mettre en dynamique la société civile. Ce matin, aux Assises, je connaissais tout le monde ! Ce sont toujours les mêmes personnes qui sont présentes. J'espère que davantage de responsables associatifs et de représentants syndicaux prennent part aux réunions. Nous avons besoin qu'ils soient formés et qu'ils se mobilisent.


Zoe SAMIN

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