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"Baby Crash" : au fil des mois, enregistre-t-on des naissances "à des plus bas historiques" en France ?

Publié le 6 mai 2024 à 20h06

Source : Top Info

Un médecin alerte via ses réseaux sociaux sur un "baby crash" observé.
La baisse de natalité se révèle majeure, assure-t-il, atteignant mois après mois des niveaux historiquement bas.
Les statistiques de l'Insee mettent en effet en avant une diminution très nette des naissances dans l'Hexagone, une tendance qui dure et s'accroît.

"Si la tendance se poursuit, on aura bientôt plus besoin de gériatres que de pédiatres." Ce constat est signé par un médecin généraliste, qui a évoqué sur le réseau social X la faible natalité que connaîtrait la France. "Mois après mois, le nombre de naissances continue de s’effondrer à des plus bas historiques", souligne-t-il, et "rien ne semble vouloir inverser cette tendance".

Les données de l'Insee témoignent d'un fort recul

La natalité française est-elle en chute libre ? Selon les données de l'Insee, ce sont quelque 678.000 naissances qui ont été enregistrées en France. Un chiffre important en apparence, mais n'ayant de sens que si on le compare à ceux enregistrés par le passé. Ce faisant, on constate que nous étions l'an passé à un niveau particulièrement bas : le plus faible à l'échelle des 40 dernières années. 

Quand le taux de natalité était encore de 12,9 naissances pour 1000 habitants en 2010, il a chuté en 2023 sous la barre symbolique des 10 naissances, s'établissant à 9,9. Loin des 14,8 nouveaux-nés comptabilisés pour 1000 habitants en 1982. 

Quid des derniers mois ? Grâce aux éléments fournis par l'Insee, nous pouvons désormais suivre l'évolution de la natalité de manière mensuelle, et non plus seulement pas le biais de bilans annuels. Il ressort des derniers relevés que 2024 suit une trajectoire similaire à 2023, mais qu'un recul encore plus marqué se dessine. 

2024, représentée avec des pointillés orangés, démarre sur les bases d'une année record en matière de faible natalité.
2024, représentée avec des pointillés orangés, démarre sur les bases d'une année record en matière de faible natalité. - Insee

Alors que 2023 faisait déjà figure d'année record, 2024 est parti sur des bases encore plus faibles. Les données provisoires montrent que les naissances enregistrées en janvier, février et mars sont chaque fois moins nombreuses que l'an passé.

La France, un des pays les plus féconds au sein de l'UE

Une série de facteurs peuvent expliquer ces tendances. "Pour fonder une famille, il faut avoir de l'espoir. Or les jeunes générations sont peut-être plus habitées par l'inquiétude quant à leur avenir", avançait ces derniers mois à l'AFP la sociologue et maîtresse de conférence à l'Université d'Aix-Marseille Catherine Scornet. Le contexte français et international n'est ainsi pas des plus engageants, avec une conjoncture économique incertaine, une guerre persistante en Ukraine, un conflit au Proche-Orient, le souvenir encore récent du Covid et la crise climatique. 

Le désir d'enfant peut aussi être perçu comme un frein à "l'émancipation individuelle", selon Catherine Scornet. Et de noter que "les femmes diplômées sont celles qui se projettent le plus en dehors de la maternité, elles s'investissent et s'épanouissent dans d'autres domaines personnels ou professionnels".

Quoi qu'il en soit – malgré la baisse des indicateurs – la France demeure l'un des pays de l'UE où la natalité et la fécondité restent les plus fortes. Avec 1,79 enfant par femme en moyenne (chiffres Eurostat pour 2021), notre pays est assez nettement au-dessus de la moyenne de l'UE (1,46). Les démographes ne manquent d'ailleurs pas de rappeler que la natalité n'est pour l'heure pas préoccupante en France, surtout lorsque l'on effectue des comparaisons avec l'Espagne ou l'Italie. Dans ces deux pays, on compte en effet un "indicateur conjoncturel de fécondité" bien plus réduit : de l'ordre de 1,16 et 1,27 enfant par femme.

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Thomas DESZPOT

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